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Tirage des journaux quotidiens

Mercredi 15 septembre 1880 ♦ Actualité

La publication d’un relevé général du tirage des journaux quotidiens a mis en lumière un fait qui n’avait été que soupçonné jusqu’ici : l’énorme supériorité d’accueil et de patronage que rencontre la presse libérale auprès du public. La moyenne des numéros tirés en juillet par les divers journaux républicains de Paris s’élève à 1,478,531, tandis que l’ensemble de la presse réactionnaire offre seulement un chiffre de 422,861 ; encore faudrait-il déduire, en partie au moins, l’appoint fourni par le Figaro, qui figure à lui seul dans ce total pour près d’un quart (104,924) et dont le succès tient à des causes souvent indépendantes de la politique.

Le journalisme à 5 centimes figure, du côté républicain, pour 1,136,712 exemplaires (dont 583,820 au Petit Jownal), et du côté réactionnaire pour 212,848 exemplaires (dont 100,476 au Petit Moniteur).

La presse républicaine compte 223,333 numéros à 10 centimes, pour lesquels il n’y a pas de contre-partie.

Enfin, les journaux à 15 et 20 centimes figurent au nombre de 118,688 dans le camp républicain et de 210,313 dans le camp réactionnaire, en comprenant le Figaro dont nous parlions tout à l’heure.

La République compte 11 organes à 5 centimes, 8 à 10 centimes et 12 à 15 ou 20 centimes. Les autres partis possèdent 6 journaux de la première catégorie, aucun de la seconde et 17 de la troisième. 16 de ces derniers ne comptent, par conséquent, entre eux tous, qu’un effectif de 106,000 abonnés ou acheteurs environ.

Ces divers chiffres ont leur portée, et c’est en raison de leur signification politique que nous avons jugé utile de les donner. Il y a une corrélation bien plus intime qu’on ne le croit, entre l’état de la pensée publique et le développement de la presse. On lit, de préférence et surtout, ce qui répond le mieux au courant général du moment et, sous ce rapport, l’examen de la liste que nous venons de résumer est de nature à donner toute satisfaction. Il en ressort, en effet, d’une manière indubitable, que la majorité du pays se porte résolument vers la République telle qu’elle est, c’est-à-dire vers la République régulière. Les extrêmes de toute couleur n’ont qu’une infime minorité d’adhérents. C’est un symptôme que le gouvernement fera bien de suivre de près, car nul autre ne l’avertirait mieux et plus sûrement le jour où il cesserait de se trouver en conformité réelle d’idées avec le sentiment dominant du pays.

La Nouvelle Revue (Septembre 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.