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Saison théâtrale

Jeudi 15 janvier 1880 ♦ Actualité

La saison théâtrale continue à se traîner languissamment, sans jeter le moindre éclat. Il semble que les rigueurs de la température aient encore ajouté à l’engourdissement de la vie dramatique. La fin du mois, cependant, promet un commencement du réveil et plusieurs premières représentations: le Fils de Coralie au Gymnase, le Beau Solignac au Châtelet, Turenne à l’Ambigu, Jean de Nivelle à l’Opéra-Comique, et Pétrarque à l’Opéra-Populaire. Quant au Daniel Rochat de M. V. Sardou, le Théâtre-Français ne paraît pas devoir le donner avant les premiers jours de février. Il en est de même pour l’Attila de M. de Bornier, à l’Odéon.

Pour nous faire prendre notre mal en patience, ce dernier théâtre nous a donné un acte charmant de M. François Coppée. Le Trésor forme, en quelque sorte, dans l’œuvre du jeune poète, le pendant de cette délicieuse idylle du Passant, qui fut le point de départ de sa célébrité. Le Trésor est une autre idylle, un peu plus terre à terre, mais non moins pleine de fraîcheur, non moins délicate de sentiment. Au travers du duo d’amour, l’auteur a jeté cette fois un troisième personnage qui vient y mêler la note humoristique et spirituelle. Ce personnage épisodique, qui devient le deus ex machina du petit drame intime auquel il se trouve mêlé, est admirablement réussi. Peut-être M. Coppée a-t-il là une veine nouvelle à exploiter. Quant à la langue dans laquelle est écrite cette poésie dialoguée, que pourrions-nous ajouter après avoir nommé l’auteur ?

La Nouvelle Revue (Janvier 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.