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Répartition des jeunes soldats

Lundi 1er novembre 1880 ♦ Actualité

En prescrivant la répartition des jeunes soldats de la classe de 1879 entre les diverses armes, le ministre de la guerre a donné, pour la formation du contingent spécial à l’infanterie, des instructions qui constituent un progrès considérable et qu’il convient de signaler. Jusqu’à présent, ce contingent était si faible, la qualité laissait tellement à désirer, que les compagnies ne pouvaient atteindre leur effectif réglementaire, et qu’il était difficile aux officiers de recruter les cadres inférieurs. On commençait en effet par prélever pour l’artillerie, la cavalerie, le génie et les troupes d’administration, les hommes les plus solides et les plus intelligents. L’infanterie recevait ce qui était déclaré impropre au service des autres armes. M. le général Farre, reconnaissant les défectuosités de ce système, a pris des mesures pour y remédier. Cette année, l’infanterie recevra 16,000 recrues de plus que l’an dernier, et l’on incorporera dans les régiments de ligne les hommes les plus vigoureux et les plus aptes à la marche. On répartira de môme d’une façon plus équitable les jeunes gens jugés susceptibles, par leur instruction, de faire de bons sous-officiers. En enlevant à la cavalerie les soldats de haute taille que l’on prenait spécialement pour elle, afin de donner plus de force aux troupes à pied, on n’altérera nullement la valeur de cette arme. Les escadrons, formés avec des cavaliers qui surchargeront moins leurs montures, n’en seront que plus mobiles. De toutes les façons, l’amélioration apportée dans la répartition du contingent est donc excellente. L’artillerie continuera à prélever sur la classe appelée les hommes spéciaux qui lui sont nécessaires. Mais l’infanterie et la cavalerie, mieux équilibrées, rendront de plus réels services. Nos officiers ne se plaindront plus d’avoir sous leurs ordres des troupes qu’une marche un peu longue fatigue dès les premiers jours, et ils pourront trouver parmi leurs recrues des éléments excellents pour former les cadres inférieurs. L’infanterie, qui est la principale base de notre édifice militaire, ne tardera pas ainsi à reprendre sa cohésion et sa solidité.

La Nouvelle Revue (Novembre 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.