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Réorganisation de la gendarmerie

Lundi 15 décembre 1879 ♦ Actualité

Un important décret a été publié il y a quelques jours.

Il a trait à la réorganisation de la gendarmerie. Le ministre de la guerre tranche définitivement une question depuis longtemps débattue, et donne à la gendarmerie une organisation toute militaire, alors qu’on réclamait, au sein même du Parlement, une constitution différente, et notamment la direction de la gendarmerie assurée au ministère de l’intérieur.

Ce n’est pas ici le moment de discuter cette grave question et d’examiner, à ce point de vue spécial, la décision du ministre de la guerre, décision qui a été universellement critiquée et qui a donné lieu, — lors de la récente interpellation, — à de vives observations de la part des orateurs de l’Union républicaine.

Mais, sans aborder ce sujet et pour nous restreindre au seul point de vue militaire, le décret récent montre une fois de plus combien, avec nos bureaux de la guerre, il sera difficile de réaliser un progrès sérieux.

En apparence, il s’agit d’une simplification, et l’on peut croire que le nouveau système va réaliser une économie, économie qui permettrait de songer à quelque réforme depuis longtemps jugée urgente, celle des capitaines montés, par exemple.

Mais point.

Le ministre diminue, il est vrai, le nombre des unités, des légions ; mais, par une contradiction bizarre, il s’empresse aussitôt d’augmenter le nombre des grades supérieurs.

Ainsi, moins de légions, et un plus grand nombre de colonels et de lieutenants-colonels, voilà le résultat.

C’est avec ce système déplorable, absurde, que nous arrivons à avoir un budget de la guerre qui dépasse 550 millions, qui est, en réalité, supérieur de près de 150 millions au budget militaire de l’Allemagne, alors que notre organisation est certainement moins parfaite.

Nous adoptons pour la gendarmerie ce système monstrueux déjà on honneur dans l’intendance et le génie, qui consiste à exagérer outre mesure le nombre des officiers supérieurs.

On sait que, dans l’intendance, il y a plus d’officiers généraux que d’officiers inférieurs assimilés. Il va en être de même dans la gendarmerie.

Dès lors il n’y a plus à espérer ni réforme ni progrès, puisqu’il devient impossible de réaliser les économies qui semblaient le plus clairement indiquées.

La Nouvelle Revue (Décembre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.