Recensement de la population

Le ministre de l’intérieur a nommé une commission composée de hauts fonctionnaires, de savants et de spécialistes, chargée d’arrêter les règles d’après lesquelles se fera le prochain recensement de la population. Ce recensement qui, aux termes de la loi, doit avoir lieu tous les cinq ans, sera commencé dans les premiers jours de 1881 et s’opérera dans des conditions toutes nouvelles. On veut faire en sorte que le dénombrement des habitants s’accomplisse à un seul et même jour pour toute la France, et non plus en deux ou trois mois, comme cela s’est pratiqué jusqu’ici. On aura ainsi comme une photographie du pays à un moment donné ; ce procédé évitera, en outre, les doubles emplois inévitables avec des opérations de longue durée, qui tâchent vainement de tenir compte des déplacements d’une population mouvante. Des modifications seront apportées également à la statistique des professions, des naissances et des morts-nés. On tâchera encore d’avoir égard, enrecensantles cultes, aux opinions réellement professées ; les dénominations génériques de catholiques, de protestants, etc., sous lesquelles on range tous les Français d’après la déclaration faite à leur naissance, ne signifient rien pour les philosophes et les hommes d’État si l’on ne réserve pas à la libre-pensée une colonne dans les registres de statistique. Il ne sera pas sans intérêt non plus de compter dans nos campagnes ceux qui ne parlent et n’entendent pas le français et dont un patois forme la seule langue courante. Il y a là une source de curieux renseignements pour quelques-uns de nos départements. En somme, sur nombre de points, il s’agit d’obtenir non plus des résultats bruts d’une sincérité et d’une utilité discutables, mais des données précises, d’où l’on pourra tirer des notions réelles sur l’état et les conditions de notre société.