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Projet du canal de Panama

Dimanche 15 février 1880 ♦ Actualité

On a des nouvelles de Panama jusqu’à la mi-janvier et elles continuent à être favorables pour le projet du canal interocéanique.

M. de Lesseps s’était rendu personnellement à l’endroit, près de Cruces, où doit être construit le barrage pour faire dériver la rivière Chagres,et dans une conversation particulière il avait parié avec enthousiasme de ce travail, beaucoup plus facile, a-t-il dit, qu’il ne l’espérait. Il n’y a pas eu, à proprement dire, d’inauguration des travaux, car il n’y a pas de travaux ni commencés ni à commencer de sitôt. On a, en réalité, entamé le sol, mais cela s’est borné à l’ouverture et à l’explosion d’un trou de mine afin d’éprouver la densité et la résistance de la roche.

Il ne s’agit, quant à présent, que de travaux d’études, et non de travaux d’exécution. La commission réunie à Panama n’a pour but que de contrôler et de compléter définitivement les résultats des explorations antérieures. Elle prend le nom de « Commission supérieure technique internationale ».

Cette commission a constitué cinq brigades mobiles. Quatre seront stationnées le long de la ligne pour faire des profils perpendiculaires et ajouter aux connaissances déjà étendues que l’on possède sur le parcours de la route projetée. La cinquième est spécialement chargée de rechercher les améliorations à introduire pour la régularisation du régime du fleuve. C’est un des points qu’on se propose d’étudier avec le plus d’attention. Un des autres points de haute importance est la tenue des roches, dont l’épreuve a déjà commencé à l’aide de nombreux sondages exécutés sous la direction de M. Boutan, ingénieur des mines des plus distingués.

Les travaux pour les études définitives n’ayant commencé que le 5 janvier, il est encore impossible de se faire une idée des résultats à attendre ; cependant, d’après les membres des brigades, les choses se présentent sous un aspect beaucoup plus encourageant qu’on n’osait l’espérer. On pense que les travaux ne seront pas terminés avant la fin de cette année, et seulement alors M. de Lesseps s’occupera activement de l’organisation de la compagnie d’exécution, ce qui rendra définitif le contrat conditionnel passé entre lui et la société concessionnaire. Les délais accordés par le gouvernement colombien pour l’organisation de la compagnie sont assez étendus pour que le percernent de l’isthme soit assuré. En admettant même que M. de Lesseps ne constituât pas la compagnie dans les délais fixés par la société concessionnaire, cette dernière n’en aurait pas moins amplement le temps de poursuivre l’accomplissement de l’œuvre à laquelle elle a déjà consacré tant d’efforts.

La Nouvelle Revue (Février 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.