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Progression du mouvement commercial

Dimanche 1er août 1880 ♦ Actualité

Les débats de l’année 1880 avaient, un moment, donné à penser que la constante progression de notre mouvement commercial, durant les dernières années, allait subir un temps d’arrêt. Le fait n’aurait rien eu d’extraordinaire ni d’inquiétant, après une aussi longue marche ascendante ; il faut s’attendre même à le voir se produire un jour ou l’autre. Quant à présent, toutefois, c’est une progression nouvelle que nous avons à enregistrer.

Le premier mois de l’exercice avait donné une diminution de 28 millions dans le chiffre de nos exportations d’objets fabriqués, comparativement à 1879. Au 1er juillet, non seulement cette différence est regagnée, mais nous nous trouvons avoir exporté, dans le semestre, pour 884 millions de francs, contre 827 seulement l’année dernière. C’est une augmentation de 57 millions et, pour y arriver après avoir comblé le déficit de janvier, il a fallu que les cinq mois de mars, avril, mai et juin donnassent un mouvement de 92 millions supérieur à celui des mois correspondants de 1879. Le mois de juinj à lui seul, présente un gain de 24 millions.

Pour nous, c’est ce chapitre particulier des relevés commerciaux qui est le véritable thermomètre et le seul complètement exact de l’état des affaires. Le chiffre des exportations d’objets fabriqués dit en effet, du même coup, où en est le travail et où en est le trafic ; il donne à la fois le bilan du magasin et de l’atelier.

Cette activité industrielle et commerciale nous a permis de continuer à supporter, sans trop en sentir le poids, le lourd fardeau des achats de céréales que nous sommes encore obligés de demander à l’étranger. Pour le semestre qui vient de finir, ces achats ont atteint près d’un milliard de francs et dépassent de plus de 140 millions ceux du premier semestre de 1879. C’est que le stock qui pouvait encore exister à l’intérieur va s’épuisant de plus en plus et qu’il a fallu en arriver à recevoir à peu près tout du dehors. La récolte s’annonce heureusement sous des auspices qui promettent tout au moins un commencement sérieux d’amélioration, et l’on peut espérer que, dès la fin de l’année, nous serons en partie affranchis de cet onéreux tribut.

Le trafic des chemins de fer, qui donne des recettes en hausse notable sur toutes les lignes du réseau national, apporte un autre témoignage non moins précis que celui de l’exportation en faveur du maintien et du développement de notre prospérité.

Quant au revenu public, son progrès continue à dépasser toutes les prévisions et toutes les espérances. Au 1er juillet, les recettes du Trésor dépassaient de 50 millions celles de l’année dernière à pareille époque et de 73 millions les calculs du budget pour l’exercice courant ; l’impôt sur le revenu donnait près de trois millions de surplus, les postes et télégraphes trois millions et demi. Ces deux derniers chiffres ne sont pas les moins importants ; car c’est par eux, après les recettes des chemins de fer, que se traduisent le plus directement l’activité des transactions et l’animation des affaires.

La Nouvelle Revue (Août 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.