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Nouveau concours artistique

Lundi 15 décembre 1879 ♦ Actualité

Un nouveau concours artistique d’une très grande importance a été ouvert ces jours derniers par le ministère des beaux-arts. On se rappelle qu’au mois d’avril dernier, sur la proposition de M. Edouard Charton, sénateur, le Parlement a voté une loi portant qu’un monument commémoratif sera élevé à Versailles,sur remplacement de la salle où la Constituante tint ses séances depuis le 5 mai jusqu’au 15 octobre 1789. Ce projet a été mis au concours. Aux termes du règlement publié par le Journal officiel, il se composera, comme motif principal, d’un piédestal en granit, supportant une colonne en bronze ou en pierre, surmontée de la statue de la République, placée à une hauteur suffisante pour être vue de la cour d’honneur du château (de 35 à 38 mètres). A la base du monument seront placées quatre statues représentant, dans leurs costumes historiques, Bailly, Mirabeau, Sieyès et Lafayette.

Le piédestal portera :

1° Une inscription commémorative ;

2° Deux bas-reliefs représentant les séances du 23 juin et du 4 août 1789 ;

3° Un plan ou une vue de la salle des séances de l’Assemblée.

L’auteur du projet classé le premier recevra une prime de 30,000 francs ; les neuf projets qui viendront ensuite auront droit à des primes variant de 20,000 à 2,000 francs, suivant leur classement. Le concours sera clos le 1er juillet 1880.

Nous approuvons pleinement l’idée de ce monument national et sa mise au concours ; mais nous croyons devoir désapprouver le règlement édicté par radministration des beaux-arts. Dans tout concours, l’administration devrait laisser à chaque artiste la liberté la plus complète de composer son œuvre suivant son inspiration personnelle, dans les dispositions architecturales ou sculpturales les plus conformes à son tempérament et à son talent. C’est pour ne pas s’être conformé à ce principe indiscutable et absolu, qu’elle a placé le jury des divers concours qui ont eu lieu dans cette alternative étrange, mais fatale, ou de sauter à pieds joints par-dessus les règles imposées, ou de mettre à l’écart les projets les plus remarquables. Les règlements de concours ont trop d’articles. Trois indications suffiraient : le but du concours, la date du dépôt des projets et l’indication des primes. Les artistes n’aiment point à être tenus ainsi en lisière. Leur imagination et leur talent ont besoin de liberté et d’indépendance. Sans cette condition indispensable, on arrivera à n’avoir que des œuvres de convention et bâtardes.

La Nouvelle Revue (Décembre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.