Gaule.com
Gaule.com

Nécrologie de la quinzaine

Mercredi 1er décembre 1880 ♦ Actualité

Les morts à noter ont été nombreuses depuis quinze jours.

La Chambre des députés a vu emporter coup sur coup trois de ses membres : M. Gustave Colin (du Doubs), M. Reymond (de l’Isère), M. levicomte de Chambrun (de la Lozère).

La marine a perdu M. le contre-amiral Sellier, âgé seulement de 57 ans et qui comptait à peine trois années de grade.

Nous avons à mentionner aussi la mort d’un peintre qui avait eu sa place aux premiers rangs de notre école artistique, bien qu’à peu près perdu de vue aujourd’hui : M. Léon Cogniet. Sa réputation, basée sur des œuvres consciencieuses plutôt que brillantes, avait eu surtout son heure d’éclat lorsqu’il envoya au Salon Le Tintoret peignant sa fille morte. Ce fut là son œuvre d’inspiration, presque un chef-d’œuvre, et elle restera.

L’art musical s’est vu enlever Henri Reber, l’auteur du Diable amoureux. Compositeur distingué et critique compétent, quoique parfois exclusif, Reber était membre de l’Institut depuis 1853 et officier de la Légion dJhonneur. Il est mort à l’âge de 73 ans.

Un écrivain dont le nom a marqué pendant plusieurs années dans le journalisme, M. Xavier Aubryet, vient également de mourir. La longue et cruelle maladie, dont l’étreinte le tenait depuis dix ans éloigné de la vie active, avait occasionné à plusieurs reprises l’annonce prématurée de sa mort. Ses funérailles ont offert une particularité toute nouvelle : l’inhumation devant se faire loin de Paris, le discours de la Société des gens de lettres a dû être prononcé sur le cercueil, en pleine rue, devant l’église Notre-Dame de Lorette.

Enfin, on annonce de Londres la mort de sir Alexandre Cockburn, qui remplissait depuis 1859 les fonctions de lord chief-justice d’Angleterre.

La Nouvelle Revue (Décembre 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.