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Les grandes manœuvres

Mercredi 15 octobre 1879 ♦ Actualité

Les grandes manœuvres sont partout terminées en France.

Elles se sont présentées sous trois formes distinctes :

Manœuvres de corps d’armée ;

Manœuvres de divisions ;

Manœuvres de deux divisions de cavalerie agissant l’une contre l’autre.

Chaque année, un tiers de nos corps d’armée se livrent à des manœuvres complètes ; dans les autres, on se borne à des opérations plus simples qui ont pour but de parfaire l’éducation du soldat et d’entraîner des réservistes qui sont à ce moment appelés sous les drapeaux.

Le mois de septembre est ainsi pour l’armée le mois de travail et d’étude ; c’est le seul moment où les effectifs se rapprochent de ce qu’ils doivent être sur le pied de guerre ; c’est pour les officiers une époque de travail vraiment productif.

D’après tous les renseignements qui nous parviennent, les manœuvres ont été cette année supérieures à celles des années précédentes.

Dans le 12e corps, notamment, on a constaté des progrès sérieux.

Il faut toujours signaler le manque absolu d’initiative des officiers qui retire à ces opérations de guerre leur utilité principale : mais le soldat est aujourd’hui rompu aux exercices nouveaux ; le réserviste, habitué aux charges que lui impose la nouvelle loi, montre plus d’entrain et d’aptitude.

En somme : résultat bon, discipline partout excellente.

Nous n’approuvons pas, par exemple, les ordres du jour trop élogieux que les chefs de corps se croient obligés d’adresser à leurs soldats. C’est là une exagération dans laquelle il conviendrait de ne plus tomber. Il n’est pas temps encore de monter au Capitole.

Dans plusieurs corps d’armée, notamment les 6e et 12e corps on a monté les capitaines d’infanterie, — partiellement dans le 12e corps.

Les résultats ont été excellents, et les rapports adressés au ministre de la guerre par les chefs de corps prouvent la nécessité de donner un cheval aux commandants de compagnie.

Sur ce point, désormais, il ne saurait plus y avoir de doute.

Diverses expériences ont été faites dans les corps, relativement à l’habillement, à l’équipement, à la chaussure, etc.

Nous pensons que l’époque des grandes manœuvres est mal choisie pour ces essais. A ce moment, on a assez à faire sans se préoccuper encore d’expérimenter des modèles quelquefois ingénieux, mais qui pour être utilement essayés demanderaient plus de calme et moins de précipitation.

Les manœuvres de cavalerie indépendante, dirigées par le général de Galliffet, ont particulièrement attiré l’attention. Elles ont prouvé la nécessité d’avoir des généraux et des colonels plus jeunes et plus vigoureux.

En résumé, progrès constant de la part des hommes, mais insuffisance absolue des institutions et des règlements.

La Nouvelle Revue (Octobre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.