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Le gibier disparaît

Mercredi 1er octobre 1879 ♦ Actualité

L’alarme et le deuil sont au camp des chasseurs. Le gibier disparaît ; le gibier a disparu ! Il ne s’agit plus, cette fois, des lamentations banales qui reviennent chaque automne.et qui sont la ressource des tireurs malheureux ou maladroits. Deux années de pluies incessantes et de frimas prolongés ont dépeuplé les meilleurs terrains de chasse, en entravant la reproduction et en augmentant la mortalité des jeunes. Le mal est sérieux et menace d’aller s’aggravant.

Si nous touchons à ce sujet, que l’on trouvera peut-être à première vue en dehors de notre domaine, c’est qu’il soulève une question de mesures législatives à prendre. On parle, en effet, de proposer à la Chambre une loi qui susprendrait complètement le droit de chasse, pendant, un an ou deux. Le gibier, laissé à lui-même, aurait ainsi le temps de multiplier en nombre suffisant pour assurer l’avenir. Si, au contraire, réduit comme il l’est déjà, on ne lui accorde pas une trêve, la décroissance prendra prochainement des proportions désastreuses.

Un an, deux ans sans lièvres ni perdrix pour les gourmets, sans coups de fusil pour les chasseurs, ce serait triste assurément. Mais plus de lièvres, ni de perdrix, ni de coups de fusil d’ici à quelques années, ne serait-ce pas bien plus triste encore ?

La Nouvelle Revue (Octobre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.