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Inspecteurs généraux de l’enseignement primaire

Lundi 1er mars 1880 ♦ Actualité

Conformément aux conclusions d’un long rapport que lui avait présente récemment M. Buisson, directeur de l’enseignement primaire, M. Jules Ferry vient de porter à quatorze le nombre des inspecteurs généraux de cet enseignement, en déléguant d’une façon transitoire, pour l’année 1880, six fonctionnaires de son administration à l’inspection générale. Cette mesure, qui en tout autre temps n’aurait qu’une valeur relative, prend cette fois une importance toute particulière et qui mérite d’être signalée. C’est, à vrai dire, une enquête qu’ordonne M. Jules Ferry sur la situation de l’enseignement primaire dans notre pays ; c’est aussi le point de départ d’une impulsion nouvelle, qui va être donnée à l’instruction élémentaire.

En premier lieu, il faut compter que tous les départements seront visités cette année, toutes les écoles normales et les écoles primaires inspectées, ce qui, pour nombre d’entre elles, n’est pas arrivé depuis longtemps. Les progrès accomplis seront ainsi constatés, et les maîtres auront chance d’être appréciés à leur juste valeur par les représentants directs du ministre.

Mais il est deux ordres de questions qui ont principalement motivé la décision ministérielle et dont les inspecteurs auront à s’occuper spécialement. La loi du 1er juin 1878 a mis à la disposition des communes, pour la construction des maisons d’école, une somme de 120 millions, qui doit être répartie en cinq années. Or, la deuxième année est presque achevée, et dans certains départements il n’a rien été fait. Certaines municipalités, les plus pauvres surtout, non seulement n’ont rien demandé et ne demandent rien, mais ignorent jusqu’à l’existence de la loi qui leur permet de solliciter et d’obtenir des subventions. Les inspecteurs généraux devront appeler l’attention des conseils municipaux sur l’aide mise k leur disposition en éclairant les uns, en secouant la torpeur des autres.

D’un autre côté, les instituteurs font depuis quelque temps de louables efforts pour se réunir périodiquement dans des conférences pédagogiques, afin d’étudier ensemble les méthodes-d’enseignemerit et de relever le niveau de leurs études par le contact des idées. Ce sera la deuxième partie de la tâche des inspecteurs, qui jetteront partout sur leur passage les bases de cette nouvelle institution.

L’inspection générale de 1880 aura donc un caractère plus spécial que de coutume. Lorsqu’elle sera achevée, nous saurons exactement où en est l’instruction primaire en France, nous en connaîtrons les côtés défectueux et, serons fixés sur ce qu’il reste à faire.

La Nouvelle Revue (Mars 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.