Gaule.com
Gaule.com

Grèves ouvrières en décroissance

Mardi 1er juin 1880 ♦ Actualité

Sans avoir complètement cessé, les grèves ouvrières sont partout en décroissance. Malgré quelques incidents tumultueux, elles ont constamment conservé le caractère d’une simple crise économique, d’un débat de tarifs entre ouvriers et patrons. En raison du nombre des grévistes et du ton comminatoire que tendaient à prendre leurs réclamations, on a jugé prudent de faire appel à l’intervention de l’autorité militaire ; mais cette intervertion, heureusement, s’est bornée à un déploiement de troupes dont la présence a suffi pour conjurer tout danger, sans qu’elles eussent besoin d’agir.

Par un revirement singulier, c’est à Reims, où les choses avaient paru s’arranger d’elles-mêmes, que le dissentiment s’est prolongé davantage et a pris le caractère le plus aigu. Tandis que, dans le Nord, les manufactures ont, à peu près sans exception, repris leur marche normale, l’industrie rémoise compte encore des ateliers en chômage.

Là comme ailleurs, toutefois, rien n’est venu corroborer les symptômes qui avaient accrédité un moment la supposition d’une tentative d’agitation se rattachant à la politique et fomentée par des excitations venues du dehors. Au fond de ce mouvement, nonobstant l’extension qu’il a prise, il n’y a pas eu autre chose que des questions de salaire et d’heures de travail. Cela est hors de doute aujourd’hui, et c’est ce qu’il importait de constater, car les débats de ce genre ne deviennent dangereux que sous l’influence des ingéreuces étrangères. Laissés à eux-mêmes, ils se résolvent pacifiquement, par la loi de l’intérêt, réciproque. Nous sommes heureux de voir que nos prévisions, sous ce rapport, se sont trouvées justes.

La Nouvelle Revue (Juin 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.