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Fermeture des maisons de jésuites

Mercredi 1er septembre 1880 ♦ Actualité

Le 30 juin, il a été fermé en France quarante-deux maisons de jésuites où se trouvaient réunis à titres divers des membres de la congrégation se livrant aux pratiques et vivant conformément aux règles de leur société.

Le 31 août, il sera, procédé à la fermeture de vingt-trois autres établissements dirigés par des affiliés de la même association et plus spécialement consacrés à l’enseignement secondaire. C’est ce jour-là, en effet, qu’expire le délai supplémentaire de trois mois, accordé aux établissements de ce genre, pour atteindre sans perturbation dans les études la fin de l’année scolaire.

Cette exécution nouvelle des décrets du 29 mars portera à un chiffre total de 65, l’ensemble des maisons dont ils auront entraîné la fermeture.

Les vingt-trois établissements d’instriiction qui vont à leur tour se trouver atteints sont répartis entre vingt départements et autant de villes principales, dont voici, croyons-nous, la nomenclature exacte :

Aveyron, Saint-Affrique. — Bouches-du-Rhône, Aix, Marseille. — Côte-d’Or, Dijon. — Dordogne, Sarlat. — Finistère, Brest. — Haute-Garonne, Toulouse. — Gironde, Bordeaux. — Hérault, Montpellier. — Indre-et-Loire, Tours. — Jura, Dôle. — Loire, Saint-Étienne. — Marne, Reims. — Pas-de-Calais, Boulogne-sur-Mer. — Rhône, Mongré. — Saône-et-Loire, Paray-le-Monial. — Sarthe, Le Mans. — Seine, Paris (3 établissements). — Somme, Amiens. — Vaucluse, Avignon. — Vienne, Poitiers.

Dans quelques villes, telles que Poitiers et Montpellier, les établissements sont mixtes, c’est-à-dire qu’ils sont à la fois des maisons d’enseignement et des maisons professes. On a dû, le 30 juin dernier, ajourner l’exécution en ce qui concerne les maisons professes jusqu ;à l’époque où elle serait réalisée dans les maisons d’enseignement, par suite de l’impossibilité de faire la distinction. Sur quelques points, par conséquent, il y aura cette fois double application des décrets du 29 mars.

On s’attend à ce que, partout ou à peu près, les jésuites auront disparu des collèges et seront d’avance dispersés. A leur place, les représentants de l’autorité verront se présenter des personnages laïques devenus les nouveaux propriétaires des établissements et montrant des titres eu règle. C’est au moment de la reprise des cours, sur l’esprit qui présidera à la direction des leçons et sur les personnes chargées de les professer, que devra véritablement s’exercer la vigilance du gouvernement, pour empêcher que les mesures édictées par lui ne soient déjouées dans leur esprit aussi bien que dans la lettre. Une récente conférence, à laquelle ont été appelés, au ministère de l’intérieur, divers chefs de service et les préfets le plus directement intéressés à l’exécution du 31 août, a eu précisément pour but d’assurer une efficacité et une unité d’action complètes dans cette délicate matière.

Quoi qu ils en aient et quJils en disent, d’ailleurs, les jésuites se sentent profondément atteints. Leurs efforts pour transporter à l’étranger les centres d’enseignement et de propagande auxquels ils sont contraints de renoncer en France, n’ont servi qu’à montrer dans quelle impopularité ils sont tombés partout et quel est l’empressement général à les écarter.

La Nouvelle Revue (Septembre 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.