Gaule.com
Gaule.com

Élections académiques du 26 février

Jeudi 15 janvier 1880 ♦ Actualité

Une troisième candidature est annoncée, à côté de celles de MM. Labiche et Mazade, pour les élections académiques du 26 février : celle de M. Paul de Saint-Victor. Le premier sentiment qu’éveille ce nom est l’étonnement que l’écrivain qui le porte ne siège pas depuis longtemps déjà à l’Académie française. Sa place y était marquée, avant celle de bien d’autres auxquels on a donné le pas sur lui. Peut-être y a-t-il eu un peu de sa faute ; nous aimons à le croire pour l’honneur de l’Académie elle-même. M. Paul de Saint-Victor appartient, en effet, par race et par tradition, à cette génération indépendante qui, mettant toute sa gloire dans le titre d’hommes de lettres et cherchant uniquement la renommée auprès du public, a professé, non pas sans doute le dédain, mais à coup sûr le détachement des distinctions et des honneurs officiels. Nous l’approuvons de sortir aujourd’hui de la réserve où il s’est tenu si longtemps et félicitons l’Académie de voir venir à elle l’auteur de tant de pages étincelantes, le grand artiste de la plume qui, avec et après Théophile Gautier, a montré jusqu’où peuvent aller la puissance descriptive, la variété des formes et la vivacité de coloris de notre langue nationale. Sans nous ériger aucunement en arbitres, sans établir ni comparaison ni parallèle, le passé littéraire sous l’invocation duquel M. Paul de Saint-Victor se présente aux suffrages académiques constitue, à nos yeux, un de ces titres qui ne doivent pas même être mis en discussion. Il n’est pas seulement un écrivain hors pair; il est la personnification d’une école de style qui n’a compté qu’un petit nombre d’adeptes et qui, malgré cela, a exercé une influence considérable et jetu un vif éclat.

La Nouvelle Revue (Janvier 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.