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Décès d’Édouard Fournier

Samedi 15 mai 1880 ♦ Actualité

La mort vient de frapper un autre littérateur de grande distinction, que sa modestie seule a empêcché d’occuper un rang beaucoup plus en vue parmi les réputations contemporaines : M. Édouard Fournier.

Tout entier aux recherches ’historiques et littéraires pour lesquelles il s’était passionné dès sa première jeunesse, Édouard Fournier laisse surtout le renom d’un travailleur infatigable, qui avait pénétré plus que personne dans les secrets intimes de notre passé national. Les Énigmes des rues de Paris, le Vieux-Neuf, l’Histoire de l’Hôtel de ville ; ses éditions de Boileau, de Racine, de Molière ; ses études sur le théâtre français au xvie et au xviie siècle et vingt autres travaux du même genre lui assignent, en effet, une place proéminente parmi les érudits de notre littérature et de notre histoire. Mais, à côté de cet érudit, il y avait un critique très fin, un journaliste d’une rare fécondité, un écrivain d’infiniment d’esprit. Il a rédigé le feuilleton dramatique de la Patrie depuis 1859 jusqu’à la veille même de sa mort. Il a donné à la Comédie-Française plusieurs pièces, toutes très goûtées, et notamment l’Avocat Patelin qui fut l’un des succès littéraires les plus vrais de ces dernières années.

Édouard Fournier, en un mot, était du petit nombre de ceux dont la mort laisse un vide plus grand que la place qu’ils semblaient occuper et dont la réputation posthume dépasse celle qu’ils ont eue de leur vivant.

La Nouvelle Revue (Mai 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.