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Congrès ouvrier de l’Alhambra

Dimanche 15 août 1880 ♦ Actualité

Le soi-disant congrès ouvrier de l’Alhambra aura eu des conséquences encore plus heureuses et plus bienfaisantes que nous ne l’avions prévu. À la courageuse protestation de M. Drouet, le délégué du Havre, contre les insanités débitées à la tribune, est venue se joindre celle de toutes les chambres syndicales ouvrières de cette ville. A Paris, le syndicat des menuisiers et celui des bronziers ont suivi le même exemple. Des vois parties de tous les côtés ont, en un mot, tenu à répudier les doctrines sans nom que l’on avait affecté de mettre dans la bouche des classes travailleuses, et à protester que si celles-ci demandent, la réforme et le progrès, c’est par des voies avouables et par des moyens susceptibles de réalisation dans un temps donné.

On a fait un pas de plus : on a recherché de qui tenaient leur mandat les apôtres du collectivisme à coups de fusil, et l’on a reconnu que, dans la plupart des cas, ils le tenaient uniquement d’eux-mêmes. Ils demeurent désormais discrédités et réduits à l’impuissance, par le seul fait de leur isolement.

La question a eu son épilogue dans le conseil municipal, où un subside de 3,000 francs était demandé, à l’effet de subventionner une délégation au congrès ouvrier qui doit se tenir prochainement au Havre. De fréquentes et directes allusions à la réunion de l’Alhambra ont eu, pour la première fois, le rare mérite de ne trouver personne pour les glorifier. Il y a eu des réticences, assurément, mais pas une voix n’a osé s’élever, dans ce milieu trop souvent accessible aux popularités malsaines, pour justifier en public des énormités que tout le monde répudie. Le crédit proposé a, il est vrai, fini par être voté, malgré les efforts de quelques membres pour en obtenir l’ajournement; il a été posé en principe que les doctrines professées au congrès n’ont rien à voir avec l’envoi projeté d’une délégation parisienne ; mais il demeure acquis que le conseil municipal n’entend en rien s’associer à ces doctrines.

La Nouvelle Revue (Août 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.