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Centième représentation de Notre-Dame de Paris

Samedi 1er novembre 1879 ♦ Actualité

Nous arrivons un peu tard pour parler à notre tour de la centième représentation de Notre-Dame de Paris et nous associer à l’hommage rendu, à cette occasion, par toute la presse, au génie qui domine notre siècle du haut de sa verte vieillesse et de son œuvre immense. Bien assurément, en applaudissant ce drame puissant, où toute une époque se trouve pour ainsi dire condensée par une main savante et habile, notre génération ne peut se faire une idée exacte de l’effet produit à son apparition par cette œuvre magnifique, éclatant comme, un coup de tonnerre au milieu de cette littérature fausse et niaise, sans idéal, sans passion, sans vie, qui continuait, sous la Restauration, les traditions de l’Empire ; mais du moins il nous est facile de mesurer l’impuissance et la banalité du drame contemporain en face de cette conception grandiose, dont le développement magistral est encore relevé par une langue sonore et imagée.

Ne quittons pas le Théâtre des Nations sans remercier son habile directeur d’une autre fête littéraire à laquelle il nous conviait il y a quinze jours : nous voulons parler de Vercingétorix, le beau drame héroïque de M. Henri Martin, On ne pouvait inaugurer d!une façon plus heureuse ces intéressantes matinées dominicales qui ont su se créer rapidement une si fidèle clientèle. Au premier abord, il pouvait paraître hardi de vouloir faire applaudir à un public parisien de 1879 la saie gauloise et la loge romaine ; hardie ou non, la tentative était intéressante, et le succès n’a pas été douteux un seul instant. A plusieurs reprises, le souffle élevé qui traverse cette œuvre vigoureuse a soulevé la salle entière. Que d’autres affectent de ne voir dans la pièce que ce qu’elle peut avoir de décousu et d’inexpérience, nous avouons pour notre compte avoir été surtout frappés par les nobles et généreux sentiments qui l’ont inspirée, parle patriotisme éloquent et pur qui l’anime d’un bout à l’autre, par nombre de vers fermement frappés, d’une allure véritablement cornélienne, et surtout par cette grande figure de Vercingétorix, rendue avec bonheur par l’illustre écrivain, et très remarquablement interprétée par un acteur de talent et d’avenir.

La Nouvelle Revue (Novembre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.