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Bulletin nécrologique

Dimanche 15 février 1880 ♦ Actualité

Le bulletin nécrologique est long, cette semaine.

En tête figure le nom de M. Crémieux qui, avant de faire partie du gouvernement de la Défense nationale en 1870, avait été membre du gouvernement provisoire en 1848. Il était par conséquent du petit nombre de ceux dont le souvenir restera attaché à l’histoire de notre second essai de République, en même temps qu’à la fondation de la troisième. Avocat éminent, esprit profondément honnête, conscience inaltérablement dévouée aux principes de liberté, M. Crémieux a parcouru sa longue carrière au milieu d’une estime publique qu’il a été donné à bien peu d’hommes de posséder d’une manière aussi constante. Sa fin a offert quelque chose de touchant : il a suivi au tombeau, à un intervalle de quelques jours, la compagne de toute sa vie, comme s’il n’avait pu lui survivre.

L’enseignement supérieur a perdu un des hommes qui l’honoraient le plus, dans la personne de M. Ernest Bersot, directeur de l’École normale. M. Bersot était à la fois un talent et un caractère ; sa mort laisse un vide difficile à remplir, mais sa vie lègue à ceux qui viendront après lui les plus nobles exemples. Nous nous réservons de retracer quelque jour cette figure vraiment grande, en traits moins rapides que nous ne pourrions le faire ici.

Le Conservatoire des Arts et Métiers vient également de perdre son directeur, M. le général Morin.

Nous avons encore à mentionner :

M. Solacroup, resté jusqu’à ces derniers mois à la tête de la compagnie d’Orléans, et qui avait été, avec les Pereire et les Flachat, du nombre de ceux qu’on peut appeler les pionniers des chemins de fer en France ;

M. Granier de Cassagnac, père du fougueux champion de la cause bonapartiste ;

Enfin, un nom inconnu, mais qui a conquis le droit de figurer parmi ceux que salue le respect public : M. Fernand Reverdy, interne à l’hôpital des Enfants, tombé victime de son dévouement au devoir professionnel. C’est le septième qui succombe, dans l’espace de quelques mois, aux suites du croup contracté au chevet d’un malade. La science,.elle aussi, a ses postes d’honneur et de danger.

La Nouvelle Revue (Février 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.