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Admission au volontariat

Samedi 1er novembre 1879 ♦ Actualité

Un événement d’une réelle importance au point de vue militaire a marqué ces derniers jours.

Le nombre de points pour l’admission au volontariat d’un an, qui, l’année dernière, était de 35, a été élevé à 45. Il est donc vraisemblable que le chiffre des volontaires sera abaissé à moins de 5,000, tandis que les années précédentes il dépassait 9,000.

Cette mesure est incontestablement excellente.

Depuis longtemps les Chambres en réclamaient l’application, et on ne peut que féliciter le ministre de la guerre d’avoir compris que l’institution du volontariat d’un an ne pouvait subsister qu’à la condition de ne plus offrir les abus nombreux signalés dans le passé.

Mais si cette réforme partielle était indispensable, il eût peut-être été utile de l’appliquer moins brusquement.

Ce n’est qu’au dernier moment, les examens passés, que notification a été faite aux intéressés du maximum de points nécessaire pour être admis.

De là, certaines déceptions qu’il eût été d’autant plus sage d’éviter que, quelque temps auparavant, à propos d’une autre question plus grave encore, le ministre de la guerre avait fait naître une certaine émotion.

On sait que, pour la première fois, cette année, l’essai du service de trois ans va être fait. A l’avenir, les jeunes gens appelés par leur numéro à faire partie de la première portion du contingent ne resteront plus que trois ans au régiment, au lieu de quatre comme par le passé.

Mais l’effectif de cette première portion doit se trouver d’autant plus élevé que l’on abaisse la durée du service.

L’année dernière encore, ce contingent était de 85,000 hommes environ ; il va s’élèver à 125,000 hommes.

Malheureusement le ministre de la guerre a pris cette mesure sans prévenir les intéressés.

Il eût cependant été bon de donner quelques explications claires pour tout le monde, de bien faire comprendre notamment qu’il ne s’agissait pas d’une augmentation de charges, puisque la durée du service était notablement abaissée.

Ce commentaire officiel, fourni dans toutes les communes, eût évité des déceptions, des mécontentements, qui devaient d’autant plus se produire que l’esprit de parti ne pouvait manquer de profiter de l’occasion et d’exploiter contre la République une mesure qui, bien comprise, doit tourner à son avantage.

Dans les campagnes, on sait par l’expérience faite de la loi de recrutement, depuis 1872, quelle est la force du contingent réclamé. A l’avance donc, d’après le numéro obtenu, chaque conscrit peut être fixé sur son sort.

Cette fois, toutes ces prévisions ont été déjouées, et ceux-là qui se croyaient le plus sûrs de n’être appelés que pour un an font partie de la première portion du contingent.

De là, nous le répétons, un certain trouble, un malaise qu’il y a intérêt à dissiper par une explication franche et loyale.

La Nouvelle Revue (Novembre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.