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A M. Ferdinand de Lesseps

Dimanche 1er février 1880 ♦ Actualité

Malgré l’antagonisme qu’a soulevé aux États-Unis le projet du canal de Panama, New-York prépare à M. de Lesseps la réception qu’une grande nation maritime et commerciale ne pouvait refuser au promoteur de cette œuvre immense du canal de Suez.

En arrivant à San Francisco, où il est attendu dans les derniers jours de ce mois, M. de Lesseps y trouvera la lettre suivante, signée par tout ce que la population new-yorkaise compte de plus éminent :

« A M. Ferdinand de Lesseps.

« Monsieur,

« Nous apprenons avec plaisir que vous visiterez bientôt cette ville. L’éminente distinction à laquelle vous vous êtes élevé par votre profession dans le monde entier ; le service important que votre habileté d’ingénieur et d’administrateur a rendu au commerce universel et à la civilisation par la conception et l’achèvement du canal de Suez ; votre remarquable initiative dans une œuvre non moins importante pour l’Amérique et le monde — la construction d’un canal américain interocéanique — se réunissent pour nous engager à vous offrir personnellement un tribut honorable et une cordiale bienvenue.

« De plus, comme citoyens américains, nous saisissons cette occasion de rendre hommage à ce génie et à ce progrès scientifique de là France, qui sont aussi honorables pour votre pays’que profitables à l’humanité.

« Nous avons l’honneur de demander qu’à un jour prochain, à désigner aussitôt après votre arrivée, vous veuillez bien, avec d’autres hôtes, nous rencontrer à un dîner public, où nous pourrons vous donner l’assurance de notre haute estime personnelle et de notre cordiale amitié pour votre cher pays. »

Cette invitation, calligraphiée sur parchemin, est renfermée dans une riche reliure de cuir doré.

La manifestation des habitants de New-York aura son écho en France. Et qui sait si elle ne conduira pas à des résultats plus importants encore qu’un échange de sentiments de cordialité, pour l’accomplissement de l’œuvre qui a conduit M. de Lesseps dans le Nouveau Monde.

La Nouvelle Revue (Février 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.